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¿ Sainte Rita ?

J’ai commencé par m’inscrire à la Primaire Populaire. Puis j’ai rejoint les rangs du Parlement d’Union Populaire qui soutient Mélenchon aux présidentielles. On pourrait en conclure que je nage dans le paradoxe. Pas du tout. Je suis une fana de l’unité. Pas par bisounourserie, même si c’est une dimension que je ne renie pas, mais parce que je trouve très froidement et logiquement que si on y va dispersés on est foutus. Faut pas avoir fait polytechnique pour arriver à cette conclusion.

Soyons claire : si le monde était tel que j’aimerais qu’il soit, je voterais pour l’abolition immédiate du patriarcat et du capitalisme. Radical, je le concède. Les élections telles que nous les connaissons ne sont pas du tout prévues pour un tel résultat. Je vote quand même.

Priorité : empêcher la droite de nuire cinq ans de plus. Arrêter le saccage.

Je me sentirai toujours plus proche d’un parti de gauche, même le PS malgré ses trahisons néolibérales (« mon ennemi c’est la finance »), que de n’importe quel parti de droite. Les partis de gauche auraient dû depuis 2017, élaborer une plateforme unitaire, un plus petit commun dénominateur pour permettre qu’on échappe à encore cinq ans de droite. Trouver ce sur quoi on peut s’unir. Respecter les divergences, accepter qu’on n’a pas tou·te·s le même avis et que ça n’empêche pas d’agir.

Ah non, ça serait trop simple ! Pourtant, à lire les programmes, on ne peut que constater qu’ils ne sont pas si loin les uns des autres qu’on ne puisse établir une politique applicable et préférable à ce que mitonnent la droite et l’extrême droite sur les retraites, l’hosto, les services publics, etc... On sait déjà ce dont on ne veut à aucun prix. On sait qu’on a la force de faire barrage. Mais pour ça il faut la jouer collectif, pas cavalier solitaire.

Au début, la Primaire Populaire m’est apparue comme une bonne idée. Il aurait juste fallu que tout le monde en accepte les règles. Il aurait fallu accepter dès ce moment-là de la campagne ce qu’on acceptera inéluctablement entre les deux tours : s’allier avec des ex-adversaires. Parce que le jeu en vaut la chandelle.

Et non. Taubira arrive comme la cavalerie, en fin de parcours, alors que les ténors Jadot et Mélenchon se récrient que non, non, non, ils ne mangent pas de ce pain-là. Préfèrent bouffer leur crouton tous seuls après la bataille ? La Primaire, dans son principe même, c’est foutu. Pas à cause de la base. A cause des états-majors.

Pourquoi alors soutenir Méluche ? Parce que c’est celle des propositions dont je me sens la plus proche dans le contexte. Ce n’est pas idéal ? Non. C’est concret. Il a une équipe solide, on l’a vue agir tout au long du quinquennat. Il sait réamorcer la pompe à enthousiasme en innovant à la fois dans son discours et dans les thèmes de ses meetings. On m’oppose qu’il est atrabilaire, colérique, se laisse emporter parfois, comme chez Hanouna ? Certes. Je m’en fous, de ça. Les présidentielles, ce n’est pas le concours Miss France. On attend une politique, pas un barista. Pas le plus aimable ? Hors sujet. Il est consistant, il a des arguments, la force de les défendre, et du monde autour de lui.

Peut-être n’est-il pas trop tard. Peut-être vont-ils, d’Artaud à Taubira, en passant par Jadot,  Mélenchon et les autres, se serrer les coudes, choisir l’efficacité avant les bisbilles. Ou alors ça voudra dire qu’ils pensent tous à 2027, à leurs stratégies particulières, et que c’est plus important à leurs yeux que d’éviter à la population un rab de cinq ans en macronisme sauvage.

Si on assiste, comme ça commence déjà, à un festival de peaux de banane, si le sectarisme imbécile s’exprime davantage que ce que nous avons en commun, on se retrouvera encore avec un deuxième tour droite-droite ou droite-extrême droite. Ça vous sera totalement opposable, tou·te·s autant que vous êtes. Et les gens continueront à en chier.

J’espère que je me trompe. Je vais mettre un cierge à Sainte Rita. Et faire ma part de colibri pour Le Parlement Populaire.