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C'est quand qu'on va où?
Si on est punis pour ça / Alors je dis : Halte à tout ! /Explique-moi, Papa / C'est quand qu'on va où ? Renaud
Au tout début du confinement, et même un peu avant, quand la Chine nous paraissait trop lointaine pour influer sur notre quotidien à nous, je me souviens avoir été époustouflée par la rapidité avec laquelle le ciel chinois, un des plus pollué de monde, avait repris cette transparence bleutée qui fait notre identité planétaire, la seule qui vaille. Quelques jours et le ciel était clair. Expérience inouïe, inattendue. J'en ai éprouvé une telle surprise, un tel bonheur, que j'ai repris espoir. Notre bonne vieille Terre a de la ressource et les maux que lui inflige la folie des hommes sont plus superficiels que je ne craignais.
Puis nous avons confiné ici aussi, et le silence n'était plus rompu que par le chant des oiseaux, et les animaux sont venus nous rendre visite dans les villes et les infos s'inquiétaient des stocks monstrueux de voitures neuves garées par milliers sur des hectares et des hectares, partout dans le monde, cimetières de voitures à zéro kilomètres au compteur. Que deviennent-elles? Qu'est ce qui est prévu? Est-il plus cher de les stocker que de les offrir? Peut-on arrêter d'en produire de nouvelle avant d'avoir trouvé une solution ?
Les semaines ont passé, et l'euphorie passagère s'est estompée au fil des infos... D'abord, les violences dites conjugales, traduction les hommes qui collent une raclée à leur compagne. Puis les violences dites familiales, traduction les parents qui tapent leurs gosses. Cette petite fille qui se défenestre à Paris, parce qu'elle a pris un yaourt dans le frigo et qui a tellement peur de la réaction de son père qu'elle préfère se jeter dans le vide. Elle a survécu, et le paternel a été arrêté. On aimerait d'ailleurs savoir quelle est la proportion de femmes dans les tortionnaires d'enfance. Je ne sais pas si ces chiffres existent. Ce qui existe, ce sont les innimbrables victimes qui vivent l'épouvante à domicile. Et leurs innombrables bourreaux.
Et, moins tragique mais accablant, ces comportements que la lumière nouvelle met en relief. Après des semaines de solidarité affirmée, de reconnaissance applaudie aux métiers vitaux, des éboueurs, qui n'ont jamais arrêté de bosser racontent que les trottoirs regorgent maintenant de masques jetés là par leurs utilisateurs. Le masque, nouveau mégot. Mépris, égoïsme, bêtise. Trop compliqué d'atteindre une poubelle, ou de rapporter chez soi ses propres immondices?
Honte de partager l'espace commun avec de tels abrutis
Puis vient la constatation amère sinon surprenante, symptôme de ce qui se joue dans les coulisses: le grignotage d'un droit humain élémentaire, sous prétexte sanitaire, par la macronie éborgneuse. On peut ainsi se déplacer à touche-touche dans le RER quand c'est pour aller bosser, mais pas marcher côte-à-côte dans une manif, même en se distançant comme ça a été fait en Grèce et en Israël. On imagine sans peine à quel point des manifestants masqués doivent filer de l'érythème fessier et autres hémorroïdes oculaires à nos blues brothers de la répression j'ai nommé Castaner et Lallement, obsédés du contrôle par drône et autres technologies bigbrozéresques.
Pour achever ce qu'il reste de moi et de mes naïfs espoirs d'une salutaire prise de conscience collective, j'apprends qu'on s'est remis à fabriquer des bagnoles, ici en France, aux USA, et j'imagine partout ailleurs. La production industrielle aveugle reprend, prête à relancer la déesse croissance en commençant par l'automobile, symbole même de l'absurdité toute shadokienne de notre économie. Et les shadoks pompaient, pompaient... Ils ne savaient plus pourquoi, mais ils pompaient toujours...
Et les voitures stockées, on en fait quoi?
Je vais faire un tour à vélo, tiens. Je pompe pas, je pédale...
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Carlito - Le 19/05/2020 à 20:56
"On aimerait d’ailleurs savoir quelle est la proportion de femmes dans les tortionnaires d’enfance. Je ne sais pas si ces chiffres existent" En cherchant bien, on trouve des choses intéressantes (ie qui ne vont pas dans votre (= toute partisane du féminisme) idéalisation de la femme victime éternelle) Les références proposées semblent être sufffisamment fiables pour être présentées ici https://fr.wikipedia.org/wiki/Violence_f%C3%A9minine
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Isabelle Alonso - Le 19/05/2020 à 23:11
"idéalisation de la femme victime éternelle": cette phrase invalide votre message.
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francine sporenda - Le 19/06/2020 à 18:40
Pour répondre aux assertions du dénommé Carlito: les très jeunes enfants (premières semaines de vie) sont tués par des mères, victimes de grossesses non désirées, abandonnées par leur conjoint, en situation de détresse économique et psychologique. Mais dès après les premières semaines, ce sont les hommes--pères ou beaux-pères--qui commettent majoritairement les infanticides. Ceci alors qu'ils passent moins de temps avec les enfants que les femmes et n'en assurent pas le care https://www.childtrends.org/wp-content/uploads/2016/03/indicator_1457608611.364.html
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Isabelle Alonso - Le 20/06/2020 à 14:55
Merci Francine, pour cette salutaire mise au point!
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