Chien-chien, choucroute garnie et mocassins en agneau plongé...
Non mais je le crois pas ! Ça continue cette histoire de défenseurs d’animaux ! Je reçois encore des lettres m’accusant d’indifférence vis-à-vis de la souffrance animale ! Mais voulez vous bien me lâcher ! A toutes fins utiles, pour qu’on comprenne où j’en suis, veuillez trouver ci dessous un texte que j’écrivis il y a plus de dix ans, eh oui, le 31 janvier 1995 très exactement, ça rajeunit personne... Je pourrais y ajouter moult réflexions complémentaires. Mais ça sera quand j’en aurai envie, pas sous la pression des très lancinants individus qui au prétexte de défendre les animaux submergent l’honnête citoyenne que je me targue d’être de leur prose hostile, voire haineuse.
Début 1995, au moment de la création d’RTL2, une émission quotidienne est proposée à mon amie Caroline Loeb. C’était avant la publication, en mai de la même année, de mon premier livre « Et encore, je m’retiens ». L’émission était en direct, avec un invité différent chaque jour. Nous y tenions chacune, aussi bien Caroline que moi, une chronique libre, d’une à deux minutes, écrite et lue chaque jour. En direct.
Le mardi 31 janvier 1995, l’invité était le très charmant François Cluzet. Et ma chronique, la suivante :
« VÉGÉTARIEN DU TOUT
A la droite extrême de notre échiquier politique, il se dit quelque chose de très révélateur. Un axiome qui veut, si je me souviens bien, que l’on préfère « ses enfants à ses cousins, ses cousins à ses voisins, et ses voisins aux gens lointains... » Révélateur de quoi ? Du côté cromagnon de ce type de pensée. Je m’explique : le degré d’évolution d’une culture se mesure à sa capacité à considérer l’autre comme lui-même. Les tribus primitives ne considéraient comme humains que leurs propres membres. L’étranger pouvait être tué, torturé et même mangé sans provoquer le moindre état d’âme. On bouffait le voisin parce qu’on le percevait comme une bête de plus. Avec le temps, les limites de l’immangeable ont reculé, jusqu’à englober la totalité de l’humanité. L’anthropophagie s’arrête là où commence la conscience de l’étranger comme un autre soi-même. Voilà pourquoi on mange les animaux. On en est là. Tout ça pour vous dire que les soi disants défenseurs des prétendues valeurs occidentales sont en fait les derniers représentants des coutumes cannibales. L’évolution à venir est évidente : un jour nous serons capables de comprendre que seule la loi du plus fort nous autorise aujourd’hui a considérer que l’humain a droit de vie et de mort sur l’animal. Non seulement droit de vie et de mort, mais de manipulation génétique, vivisection, torture, élevage, abattage et saucissonage en tous genres... Nous mangeons tous les jours de la viande de souffrance, nous péférons ignorer que dans les hangars de gavage industriel, c’est de la vie des autres qu’on dispose sans vergogne. Certes, ça prendra du temps, et notre culture est richissime de traditions culinaires délicieuses, dans le cochon tout est bon, on est bien d’accord, mon pauvre cochon ! Mais le végétarianisme est aussi inéluctable dans le progrès de l’humanisme que la fin de l’esclavage et l’abolition de la peine de mort... Bon je vous laisse, j’ai pas fini mon sandwich aux rillettes. »
Je n’ai pas changé d’avis. Je mange toujours de la viande, pas beaucoup, mais quand même. Je porte sur moi du cuir. Je ne suis pas la seule. Je suis donc complice et bénéficiaire de la violence contre les animaux. Et je n’en suis pas fière. Une de mes amies ne mange jamais quoi que ce soit qui « ait eu un visage ». En fait, même pas une huitre, qui n’a pourtant pas un visage très expressif. Elle ne porte pas de cuir et ses sacs à main sont en tissu ou en skaï. Elle n’achète que des produits garantis non testés sur animaux (ça, moi aussi je le fais...) Si tout le monde faisait comme elle, la souffrance animale reculerait de manière spectaculaire. Mon amie pourrait me faire la leçon. Elle ne le fait pas. Mais elle seule m’influence. Ce que viennent me hurler les bonnes consciences à chien-chien et à choucroute garnie me glisse dessus comme sur les plumes d’un canard...