Hier, dans le métro, cinq types hilares entrent dans le wagon, à Opéra. Des Arabes, apparemment. Ils ne parlent pas. Ont une banane pas possible, la gueule fendue de part en part. Se regardent de temps en temps, et sourient encore plus. Ils sont heureux, ça fait plaisir à voir. Ce n’est pas le spectacle le plus courant dans les tunnels de la RATP. Je me dis qu’ils doivent être Égyptiens. Ou Tunisiens. Que la vie vient de leur faire un cadeau. Ceux que d’habitude on perçoit au mieux comme des gêneurs et au pire comme des terroristes viennent de changer d’image, de faire une démonstration magistrale de civisme et de goût pour la liberté. Ils sont désormais un modèle. Ça durera ce que ça durera, on n’ose guère être optimiste après tant d’espoirs trahis, mais nul ne pourra leur enlever ce qu’ils viennent de vivre.
Les gazettes affirment que la participation des femmes a été importante, même si on a du mal à les distinguer sur les photos de foule. On entend les commentaires : « …toute une jeunesse dans la rue… » et à l’image, pas une fille. Les photographes occidentaux en ont quand même trouvé assez, juchées sur des épaules accueillantes et brandissant un drapeau, pour incarner la révolution en marche… Espérons qu’elles échappent au scénario habituel : présentes et bienvenues pendant les périodes de lutte, puis renvoyées à la maison dès qu’il s’agit d’exercer le pouvoir…
iA !