Laetitia
Il y a quelques jours, à sa dernière conférence de presse sur les chiffres de la délinquance, Heurtefeux en était rose de bonheur : tout va bien, ça s’arrange ! A un détail près : les « agressions sans arme contre les femmes sur la voie publique » ont augmenté de 13% en 2010. Une paille ! Rappelons qu’en cette même année 2010 la lutte contre la « violence faite aux femmes », qu’il est plus approprié de nommer violence machiste, était censée constituer une grande cause nationale. Ça a drôlement impressionné les agresseurs !
Alain Bauer, le président du conseil d’orientation de l’Observatoire national de la délinquance, qui semble avoir pris conscience de quelque chose qui échappe au ministre, a déclaré : " …nous sommes dans la première année de forte inversion d’un processus qui montre que les femmes sont en voie de « chosification », ce ne sont plus des individus, mais des choses qui peuvent se faire agresser et battre comme si de rien n’était".
Et alors, on fait quoi ? On s’attaque aux racines du mal ? Non. On passe à l’action ? Pas davantage. On se contente, comme Sarkozy, de verser quelques larmes de crocodile sur Laetitia, d’annoncer pour la millième fois des mesures anti récidive, et d’attendre la prochaine victime pour s’indigner à nouveau… Comme d’habitude…
La violence machiste est d’intensité variable et prend des formes très diverses, mais elle naît de la même source : dévalorisation du féminin, mépris, haine omniprésents. La "petite" violence quotidienne fait le lit de la grande, celle qui tue nos petites soeurs. Si, au lieu de poser le problème en termes de récidive, ce qui implique un premier crime et donc une victime, on le posait en termes de prévention ? Si on luttait contre cette « chosification » dont parle Bauer, et qui naît du flot permanent de misogynie déversée par les médias, la pub, la production culturelle ? Avec moins de Tartarinades et plus de remise en question du machisme ambiant, la petite Laetitia et toutes les autres auraient eu une chance d’échapper à cette barbarie qui émeut si peu nos dirigeants.
iA
