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Lumière, le retour
"Il vaut mieux allumer une bougie que maudire l'obscurité". (Eleanor Roosevelt).
La conjugaison entre les évènements qui touchent tout le monde et nos tribulations personnelles donne à chaque vie son relief particulier. Ça se télescope, ça se superpose et ça finit par écrire une histoire, une parmi toutes les autres.
Le calendrier a le sens de la synthèse. Avoir concentré, en un mois, un petit mois, du 13 novembre au 13 décembre, attentats, COP21 et élections régionales, ça laisse groggy, sur le flanc, KO debout. Pas le temps de souffler.
Sur l'horreur des attentats, tout a été exprimé. Ajouter un grain de sel à une telle évidence dans l'atrocité, doublée d'une telle universalité dans l'empathie donnerait dans le superfétatoire.
Le COP21, je lui fais à peu près aussi confiance pour enrayer le réchauffement de la planète qu'à Donald Trump pour fermer sa grande gueule.
Puis les scores électoraux du FN ont entraîné, une fois encore, l'action d'un Front Républicain à sens unique, la gauche faisant élire la droite.
La gueule de bois est majuscule, alourdie d'un très accablant sentiment d'impuissance, tous azimuts. Violence aveugle, déni écologique, fascisme qui ne se donne plus la peine de ramper. Tout juste s'il se masque encore un peu, pour donner le change jusqu'aux présidentielles. On n'a pas fini de voir du pays...
A cet enchainement désolant succède une période beaucoup plus personnelle. Ma mère est morte un 15 décembre, mon père le 7 janvier. Désormais les Fêtes de fin d'année s'inscriront pour moi entre les parenthèses de leur disparition. Sous une photo d'eux, jeunes mariés, marchant dans Madrid juste après que mon père sorte de prison, j'ai allumé une bougie qui brûlera d'une date à l'autre. Il faut savoir créer ses rites perso. Je pense à eux tous les jours, parce que l'amour, ça ne meurt pas. Et aussi parce que ce qu'ils ont été me donne force, énergie, et envie de résister. Dans la zone de turbulence qu'il nous est donné de traverser, autant se munir d'une boussole et d'une bouée. Celle qu'ils vécurent, eux, fut autrement dramatique, en tout cas au point où nous en sommes quand j'écris ces lignes. Il est encore temps de changer de cap.
Ce 21 décembre est le jour le plus court de l'année. Ce qui signifie que dès demain, ça rallonge! Oui, je sais, je maîtrise le principe du cause à effet autant que celui de la Lapalissade. N'empêche, les jours qui rallongent, ça me rend optimiste
ipso facto. Oui, la locution latine, je maîtrise également. Parce que l'école a su m'offrir ces précieuses racines, je dis ça comme ça...
Résister, donc. Mais pas en contre. La meilleure défense étant l'attaque et la meilleure parade la proposition, il ne suffit pas de décrire et dénoncer. Je préfère rêver, imaginer, concevoir, construire un monde plus juste, des peuples plus libres, la vie plus belle. La gauche est apparemment hors jeu, mais apparemment seulement. Les idées qui ont éclairé le monde sont les nôtres, et depuis longtemps. A notre tour de ranimer la flamme.
L'hiver commence, certes, et mes parents sont morts. Je devrais être triste. Mais je ne le suis pas. Je compte sur les jours qui rallongent, sur la bougie qui veille, sur le chemin tracé. La lumière arrive.
Joyeux Noël.
Espace commentaire
Lau - Le 22/12/2015 à 11:44
Je vous AIME ! Merci pour ces quelques lignes qui font du bien.
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Dewynter Nicole - Le 21/12/2015 à 18:49
Magnifique ce que tu écris. Ma lumière c'est mon fils Julien, disparu trop tôt à 25 ans au coeur de l'été 2006. Il me manque atrocement mais c'est ma lumière, la lumière d'un fils que je chérissais et qui m'aimait. Il me donne l'énergie pour continuer. Pour la première fois depuis sa disparition nous tentons un Noël en France en famille. Nous avons fui pendant des années au bout du monde cette période de "fêtes". Nos mamans sont âgées, nous seront là cette année. Je t'embrasse Nicole
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Isabelle Alonso - Le 21/12/2015 à 23:07
Très touchée par ton message, Nicole. Je t'embrasse, je pense à toi. A vous.
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Christine valette - Le 21/12/2015 à 19:17
Très beau texte Isabelle, comme toujours....Je me permets de vous appeler Isabelle car depuis que j'ai lu 10 fois, et toujours en pleurant à la fin, l'exil est mon pays, je sais que nous avons plein de points commun.... Joyeux Noël isabelle ☺
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Isabelle Alonso - Le 21/12/2015 à 23:08
Merci, Christine.
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