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Mon temps à moi
Trente deuxième texte aujourd'hui. J'en ai écrit un par jour, depuis le début du confinement. Pourquoi? J'imagine que ça me donne le sentiment de dominer la situation, de ne pas perdre mon temps comme on perd le contrôle de son véhicule dans les comptes rendus d'accidents de la route. J'écris, donc je me suis utile. C'est une manière de partage, aussi, avec les personnes qui me lisent. Donc, un semblant de vie sociale.
A la radio, en ce moment même, on parle des troubles du sommeil confiné. Insomnies, cauchemars, réveils intempestifs, tout ça. En ce qui me concerne, c'est le contraire. Je dors mieux que jamais, et je me réveille tôt. Je suppose que le confinement, en m'amputant du choix de mes occupations, fait que je me sens libre. Je ne peux qu'écrire, et il se trouve que c'est exactement ce que je suis censée faire. C'est d'un confort total. Libre dans ma tête, comme le Diego de France Gall.
Je reste branchée sur France Inter en permanence. Quand le programme m'intéresse moins, je me repasse ces humoristes qui révulsent Beigbeder (le mec que seul Matzneff fait rire...) et qui m'enchantent. Je leur trouve un talent fou. Mention spéciale a Thomas VDB, Guillermo Guiz et Tanguy Pastoureau. Oui mais non, il faudrait rajouter tous les autres et toutes ces filles dingues, irrésistibles, qui repoussent les limites, qui inventent, qui se frayent un chemin à la machette dans les territoires précédemment dévolus à la féminitude, cette vieille prison qui résiste encore partiellement, vacherie. Pensez qu'avant Sylvie Joly, Muriel Robin et Valérie Lemercier par ordre d'apparition, et malgré, pourtant, Anne Marie Carrière, pionnière absolue, et la Maillan, et la Desmarets, il était entendu que les femmes ne pouvaient pas être humoristes, parce qu'elles n'étaient pas drôles, parce qu'une femme drôle ne peut pas être sexy, et donc, ne saurait exister, car hors séduction une femme n'avait aucune raison d'être. Leur vie entière confinée dans le regard masculin. Je n'invente rien, ce discours imbécile, on ne me l'a pas raconté, je l'ai entendu moi même avec mes oreilles que j'ai. Cette sale manie patriarcale de planter des piquets autour de la condition féminine et d'y suspendre des barbelés pour qu'elles y déchirent leurs robes et leurs âmes.
Les barbelés, elles les explosent tous les jours et moi j'en explose de rire. Et toc, dans votre gueule les atrophiés du neurone! Merci les filles. Je le savais, que vous alliez arriver...
Et merci France Inter, pour tant de talent balancé, sans mégoter, au quotidien, sur notre isolement surpeuplé...
A partir d'aujourd'hui, je passe à un texte tous les deux jours. Ça va libérer de la place dans mon temps, et j'en ai grand besoin. Il y a urgence, et importance...
Espace commentaire
María Gómez Ganzo - Le 17/04/2020 à 16:18
c'est toujours avec plaisir qu'on te lit, même si ce n'est que tous les deux jours, c'est très bien. Lo bueno, si breve, dos veces bueno
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Isabelle Alonso - Le 17/04/2020 à 16:38
¡Gracias! ¡Hasta pasado mañana! Me voy afilando las teclas...
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