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Pourquoi Mélenchon ?

Mais parce qu’au point où on en est c’est tout ce qui reste à faire !

J'entends des arguments :

Élections pièges à con? Je sais, je sais. Et l’abstention, piège à quoi ? Restez dans une optique révolutionnaire cristalline si vous voulez, mais si vraiment ça ne sert à rien, si ça revient au même, autant tenter un pari pascalien et glisser un bulletin dans l’urne. Si ça ne fait pas de bien, ça ne peut pas faire de mal. Il suffit de tenir davantage à la qualité de vie des gens qu’à la pureté de ses intentions révolutionnaires.

« Mélenchon ne correspond pas à mon idéal. Je ne vote pas utile, je ne vote que selon mes convictions » Dans l’absolu, il ne serait pas votre premier choix, je comprends. Mais on n’est pas dans l’absolu. On est dans la gadoue. Cinq ans de mépris Macronien dans les gencives et l’extrême droite à trente pour cent, le groin à la porte, on en est à jeter toutes nos forces dans la bataille en se disant que même s’il n’est pas l’idéal il en est forcément plus proche que Macron ou LePen.

« Mélenchon, a une personnalité et un caractère impossibles ». Il serait : « caractériel, colérique, atrabilaire, agressif, toxique ». Bref, pas fiable. Et alors ? Qu’est ce qu’on s’en fout ? On n’en est pas à choisir une coloc ou un compagnon de voyage. Le parcours, de présidentiable à Président, requiert un profil particulier. La douceur de caractère n’en fait pas partie. Macron, Hollande, Sarko, Chirac, Mitterrand et tous les autres ne se sont pas particulièrement fait remarquer par leur souriante souplesse...

Quant aux autres candidats de gauche, vous vous apprêtez à assumer votre défaite dans très peu de temps. Vous avez eu le temps de faire campagne, nous avons eu le temps de vous entendre. Vous retirer du jeu dès maintenant pourrait changer la vie de millions de gens en laissant une chance à la gauche. Le geste serait magnifique. Et le resterait aux yeux de l’Histoire. Votre idéal de gauche vous place aux côtés des classes populaires. Leur malheur, c’est maintenant qu’il pèse. C’est maintenant qu’il faut agir.

Même les media reconnaissent que le programme de Mélenchon est consistant, travaillé, argumenté et chiffré. Forcément préférable à n’importe lequel de droite ou d’extrême droite. Qu’est-ce qui vous chiffonne dans son contenu qui justifierait votre maintien dans la course ? La différence est-elle si infranchissable ? Vous avez la recette du programme chimiquement pur ? Bravo.

Ou alors ça vous bouffe de penser que Mélenchon va tirer les marrons du feu et que si ça se trouve il ne vous dira même pas merci ? C’est humain. Je comprends aussi ça. Et alors ? Priorités aux rivalités ? Je veux bien admettre que ces considérations ont leur importance mais ce qui anime nos idéaux de gauche, c'est le souci des opprimés, de « ceux-qui-ne-sont-rien », des pauvres. Les gens s’en prennent plein la tronche encore plus que d’habitude depuis cinq ans. Et la menace s’aggrave. Après toutes les trahisons causées par le PS au pouvoir, il s'agit de ne pas décevoir une fois de plus.

On me dit (oui, on me dit beaucoup de choses...) qu’une vraie féministe ne saurait se contenter des trois pages du programme consacrées à la question. Encore une fois, comparez aux autres programmes et revenez me voir ! Et surtout, c’est une base. Il y a de la marge pour la réflexion, la discussion, le débat, la mise en place. Je préfère agir pour avancer, qu’avoir à me battre pied à pied pour ne pas reculer. On ne lâchera pas l’affaire, on ne se contentera pas du programme. Nous, féministes, on ne lâche jamais. Nager à contre-courant, on sait faire.

L’état des lieux, après cinq ans de Macron et sa gestion par le mépris de classe et la brutalité, est accablant. Attaques frontales contre  services publics et droits acquis. Blessés, éborgnés, mutilés dans des manifs légitimes. Fermetures de lits pendant le covid.  Corruption. Scandale McKinsey.  La liste est longue, vous la connaissez…  Premiers engagements du candidat Macron : retraite à 65 ans, casse du RSA. Et c’est juste le hors d’œuvre. Nous sommes en état d’urgence.

J’étais à la marche du 20 mars, à Paris. J’y ai ressenti ce que Mélenchon, le meilleur orateur de la campagne en dehors de toute autre considération, n’a pas inventé, mais qu’il sait faire vibrer : la joie. Dimanche, à République, il y avait de l’allégresse dans l’air. Un air de fête. Se retrouver, partager, espérer, chanter pour un monde plus juste. Ensemble. L’énergie de la Commune, du Front Populaire, de Mai 68, ondulait avec les drapeaux et allumait les sourires. Cette joie qui gonfle les poitrines et donne envie d’aimer tout le monde, est au cœur de notre histoire. Celle de nos luttes, celle du mouvement ouvrier. Qui est aussi celui des ouvrières, ne l’oubliez jamais. Cette joie qui ouvre le champ des possibles.

Un autre monde est là, à portée de voix.