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Premier homme
Quatorze juillet 2013. Mon père regarde le Tour à la télé, attentif aux performances des coureurs espagnols. Il a vécu à ce jour plus longtemps en France qu'en Espagne, mais son intérêt pour son pays d'origine, loin de s'atténuer, s'accentue. Lourde chaleur en ce dimanche de fête nationale. Il essaie de se lever. Retombe. Bref, pompiers, urgences, prise en main immédiate. Efficacité bluffante.
Dès qu'il est réoxygéné, et alors qu'une infirmière penchée sur lui le monitorise, sonde, perfuse tout azimut, il lui demande si elle va lui inoculer de l'aïoli, remède universel selon lui. Un peu après, rafraîchi et sauvé, alors qu'il fredonne un air d'un temps que les moins de 80 ans ne peuvent pas connaître, un tango de Carlos Gardel,
Esta noche me emborracho (
Ce soir je me saoûle), la fée en blanc me susurre, dubitative: "Ça lui arrive souvent, de délirer?". Comme souvent je suis obligée de préciser que c'est son état normal: tant qu'il chante du tango, déclame du Lorca et loue les vertus de l'ail, de l'huile d'olive et du tempranillo, c'est que tout va bien.
Je rentre. Mon père reste là-bas, aux bons soins des Français, tout seul, à la fois abandonné et protégé. J'allume la télé, t
ototte de l'âge adulte, par pur sentiment de solitude. Sur France 2, feu d'artifice aux pieds de la tour Eiffel. Le spectacle me touche jusqu'aux tréfonds de ma fibre républicaine. Pays magnifique. Je bénis le sort. Résumé de ma Fête Nationale, trois pompiers salvateurs, gentils, simples, efficaces, courtois, généreux. Et des millions d'étincelles dans le ciel parisien. La France que j'aime. Générosité et panache. Service public aux petits oignons et nouba sous les étoiles. Merci la République, merci aux ancêtres qui l'inventèrent et que la marchandisation ambiante n'en finit pas de trahir.
Et puisqu'on en est au chapitre fifille qui adore son papa, voilà trois versions live de papas tout mashmallow de leur fifille à eux.
Alain Chamfort
Comme un géant
Claude Nougaro
Cécile, ma fille
Renaud
Mistral gagnant
Si après ça, on n'est pas tout-te ramolli-e et pris-e d'une furieuse envie d'appeler le sien au téléphone, c'est qu'on a pas de coeur, moi je dis.
Espace commentaire
BOUTEILLER - Le 25/07/2013 à 18:14
Mes pensées de réconfort vous accompagnent.
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Heno de Pravia - Le 24/07/2013 à 21:24
Et oui, toute ramollie... Et l'envie furieuse est là... Quién pudiera... Et si tu veux finir de fondre, tu n'as plus qu'à écouter la version originale de "Mi niña Lola" de Pepe Pinto (http://www.youtube.com/watch?v=QuFPrVRqwwc) que tu connais peut-être, ou la sublime adaptation de Buika (http://www.youtube.com/watch?v=bndf65HEx-A). Un abrazo.
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Isabelle Alonso - Le 24/07/2013 à 23:13
Merci pour les chansons! Buika exceptionnelle. Un abrazo.
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Angèle - Le 24/07/2013 à 23:00
Hey...je suis pliée...le mien c était la soupe d ail...et juanito Valderrama..sacrés bonhommes...je ne peux plus l appeler mais merci de nous faire penser à des moments comme cela....et je suggère Claude nougaro "Cécile"
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Isabelle Alonso - Le 24/07/2013 à 23:09
Comment ça, "suggère"? C'est de la distraction ou de l'alcoolisme, je ne vois pas d'autre explication...
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Angèle - Le 24/07/2013 à 23:42
Les deux sûrement... j ai pas percutė....mais je l aurais mis en premier...là je suggère Ska-P la chanson : que puedo decir...et là...
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SERVAIN Alain - Le 24/07/2013 à 22:08
Chère Isabelle, merci de nous montrer que l'Integration est possible, que l'on peut être ému en vivant des temps forts comme ce 14 Juillet au cours duquel une trêve serait appréciée à sa juste valeur. Merci de mettre en valeur ces gens de l'ombre qui s'investissent sans penser au danger pour sauver les autres. Merci de tenter de faire comprendre à nos Concitoyens que nous avons la chance de vivre en démocratie même si de grosses anomalies la ternissent. Et, pour conclure, très bonne santé a votre Papa! Qu'il continue a réciter du Lorca ou a vanter les vertus de l'aïoli! Qu'il sache que des Français de souche souhaitent longue vie a celui que la dictature franquiste a déraciné.
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Isabelle Alonso - Le 24/07/2013 à 22:29
Merci! Ne jamais oublier, malgré la gadoue ambiante, que vivre ici et maintenant est une chance dont rêvent des millions de gens.
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Stéphanie D. - Le 27/07/2013 à 23:40
Le mien de papounet, n'a jamais cru qu'en la République, l'école, le travail. fan du Tour de France, lui aussi... Si je pouvais, je l'appelerai, mais malheureusement, ce n'est plus possible... Et ton article me rappelle à quel point il me manque.
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