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Réac story

Ce matin, dans Libé, interview-fleuve de Philippe Sollers, sur deux pages, agrémenté d’une photo de Sa Boursouflure façon récamière, lové sur un tapis (russe ? persan ?), appuyé du coude sur un vilain canapé en velours à motifs qu’on devine moutarde ou vert sapin (soulagement, le cliché est en noir et blanc…), bouche en cœur d’amateur de chaussée-aux-moine (amène !) et regard dur de celui qui essaie depuis plus d’un demi-siècle de convaincre ses contemporains qu’il a du génie. Le talent littéraire de Sollers m’a toujours échappé, ses livres me tombent des mains, mais j’admire sa capacité à faire la promotion de sa propre image en tant que « grrrand-t-écrrrivain » Pas si facile ! Il emploie une technique qui a fait ses preuves : il se met en scène avec les plus grands (en l’occurrence, dans son dernier opus, Stendhal, qui ne peut pas se défendre) et espère ainsi faire partie du club, un peu comme une tique finit par se prendre pour le chien qui l’héberge…

Il a réussi ! Bémol : la tâche lui a été grandement facilitée par un machisme qui ne peut que lui valoir des bons points auprès de l’ordre établi. En effet, sous des habits maoïstes jadis garants de gauchisme bon teint, il a toujours cultivé la solide misogynie qui fait les gloires des Lettres Françaises. Sollers n’en finit pas de remâcher sa nostalgie du bon vieux temps où les femmes silencieuses, servies sur un plateau, ne la ramenaient pas et servaient docilement de muse, d’inspiratrice et de courtisane au Maître… Dans Libé de ce matin, quelques perles :

Q. : vous avez des mots durs sur la plupart des romans contemporains (…/…) Pourquoi ont-ils du succès ?

R. : D’abord ces romans sont un marché : 90% du public est féminin…

Q. : Une autre de vos cibles est la femme américaine (…/…) Comment se passe l’amour en Amérique ?

R. : Mal. (…/…) Trois avocats dans chaque lit, une guerre sauvage entre sexes. Heureusement, il y avait les Portoricaines, les Chinoises, les autres…

La littérature élève t-elle, rend-elle plus libre, plus grand ou participe-t-elle à l’entreprise d’étouffement général, à l’écrasement de l’individu, et surtout de l’individue ? Nous autres gonzesses savons sur quelle branche de cette alternative se trouvent perchés Maître Sollers et son fromage….

iA !