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"Test d'humanité"

Si on en croit Ouest France, y en a un qui s'emmerde pas trop la vie avec le confinement. Il s'appelle Geoffroy Roux de Bézieux, il est le patron des patrons. Il déclare "Pour ma part, je suis partiellement à mon domicile, et partiellement seul en télétravail, ça dépend des jours".  Comme tout le monde, seraient tentés d'ajouter tous ceux qui, cloués à la maison, ont aménagé un coin bureau entre la table de petit dèj et le pupitre des enfants, sauf que lui, son domicile est un manoir au Croisic et son bureau est à Paris. Confiner avec style, si vous croyez que c'est facile! Mais attention, il se rince les mains au gel, n'allez pas croire.

Et il répond aux interviews:

-dans le Figaro du 12 avril: il faudra "travailler un peu plus" pour "accompagner la reprise" et il "faudra bien se poser la question tôt ou tard du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise et faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire"

- puis, sur France Info: "face à une pandémie, un système autocratique semble pour le moment mieux armé pour bloquer une pandémie que ne le sont nos démocraties. En Chine, dimanche, on n’aurait pas laissé les habitants aller dans les parcs ou les marchés. Il faut réfléchir à la façon dont nos démocraties pourraient être collectivement plus efficaces"

Ben oui, le pauvre, il a beau avoir des tas d'idées pour remettre le gueux au boulot, il ne peut pas compter sur des structures totalitaires pour les appliquer! Non, décidément, c'est pas facile!

Et celle dont il parle, la France d'en bas, comment confine t-elle?

On lit ceci dans Le Parisien du 11 avril: "C'était une vraie crainte au sommet de l'Etat: le confinement allait-il être bravé dans les quartiers sensibles et entraîner des violences urbaines? Après un mois, les services de renseignements dressent un bilan plutôt positif du premier mois de confinement: « La situation dans les quartiers sensibles reste globalement calme », et les incidents « limités », précisent les renseignements territoriaux dans des notes que nous avons pu consulter. C'est un mystère pour certains observateurs, admet un haut fonctionnaire en poste dans le 93. Dans le département le plus peuplé de France, où plus d'un tiers de la population a moins de 25 ans et où l'on a parfois l'esprit contestataire, certains s'attendaient à ce que le confinement soit moins respecté, ce n'est pas le cas. En Seine-Saint-Denis, les lignes de métro et de bus sont fréquentées, mais par des gens se rendant sur leur lieu de travail : agents d'entretien, aides-soignantes, agents d'exploitation, vigiles… »

Pendant que Roux de Bézieux se rit des consignes et envoie les autres au taf,  que le 93 confine avec civisme serait un "mystère" pour les observateurs. Ça semble pourtant clair. Pour une fois, les gens des cités, si décriés, sont englobés dans le discours collectif. Pas exclus, pas mis à part. Les conditions d'application du confinement sont infiniment plus dures pour eux, mais la vie dure, ils connaissent. Ce à quoi ils ne sont pas habitués, c'est de faire partie de la collectivité, d'être pour une fois, intégrés, légitimes, alors ils coopèrent. Loin du télétravail, ils continuent à aller bosser, à prendre les transports en commun sans masque, au péril de leur santé.

Et du côté du gouvernement? Je vous le donne en mille! La secrétaire d’État à l’Économie, Agnès Pannier-Runacher, déclare (AFP): "il faudra probablement travailler plus que nous ne l'avons fait avant" pour "rattraper" la perte d'activité résultant du confinement...

Ça donne envie, leur monde d'après...

Gouvernement et Medef regardant ensemble dans la même direction, c'est beau comme du saint Exupéry. Qui disparut en mer, le pauvre...

Ce soir, Macron va parler.

S'il pouvait laisser de côté l'imagerie guerrière et nous parler non comme un général mais comme un compagnon de route, un adulte.

S'il pouvait faire appel à notre intelligence, à notre générosité, à notre humanité.

S'il sollicitait son imagination, et qu'en surgissent des idées novatrices, altruistes, pour colorier l'après avec de l'inédit.

Aujourd'hui, on entre en cinquième semaine, et comme vous voyez, je délire tout un petit peu...