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Tout bon ou tout faux?
J'entends à la radio que le défenseur des Droits Jacques Toubon demande la réouverture rapide des écoles. Pour des raisons éducatives? Pas seulement. Surtout pour des raisons alimentaires. Il déclare que sans le repas pris à la cantine, des millions d'enfants n'ont pas accès, aujourd'hui en France, à une nourriture suffisante en qualité et quantité. Plusieurs millions! Ça veut dire que dans un des pays les plus riches du monde, des enfants comptent sur la cantine pour manger à leur faim? Que, donc, leurs parents ne gagnent pas de quoi leur donner à manger. Ici, et maintenant. En
France, la pauvreté concerne surtout les familles monoparentales. Pas seulement, mais surtout. Les familles monoparentales, c'est surtout des femmes. Pas seulement, mais surtout. Les parents de ces enfants qui ne mangent pas à leur faim sont donc ces femmes qui gagnent à peine de quoi survivre, ces "invisibles" qu'on a tant célébrées ces dernières semaines : femmes de ménage, aides soignantes, auxiliaires de vie, caissières, etc.... Travail à temps partiel, à temps morcelé, payé au lance pierre. Et leurs enfants crèvent la dalle... Elles sont des cumulardes. Cochent toutes ces cases qui catapultent en bas des statistiques.
Jacques Toubon, qui a au moins le courage de s'intéresser à la question, se situe à l'opposé social, aux antipodes de ces femmes. Il coche lui aussi toutes les cases, mais du bon coté de la feuille, la face recto dont elles sont le verso. Il fut largement signalé par le Canard il y a quelques années pour ses revenus de... 30 000 euros par mois, par l'effet du cumul de plusieurs retraites et la rétribution de sa charge de défenseur des droits. Il ne comprit pas, à l'époque, ce que ça pouvait bien avoir de choquant. C'est vrai, quoi, il ne volait rien à personne! Certes. Pas besoin de voler ni même de truander quand le système lui même crée ces disparités. Il suffit de se trouver au bon endroit à la bonne époque, à ce confluent où se déverse l'argent pompé dans la réserve générale de la production de richesses...
Elle passe l'aspirateur à cinq du mat dans une tour de la Défense sans avoir conscience qu'une partie de ce qu'elle produit par la valeur de son travail aboutit, après un parcours sinueux, complexe et parfaitement légal, dans les poches de ceux qui ne comprennent pas où est le problème et attribuent la boursouflitude de leur portefeuille à leur seul mérite personnel. Ça s'appelle faire transpirer de la plus value, ruisseler vers le haut...
Je ne conteste en rien la valeur du travail de Monsieur Toubon, qui a plutôt surpris tout le monde dans le bon sens depuis qu'il est défenseur des Droits, je conteste un système d'affectation et de redistribution des richesses qui aboutit, en 2020, à des enfants qui, en France, ne mangent pas à leur faim. Et franchement, j'ai honte pour nous tous.
Espace commentaire
Régis Vignon - Le 12/06/2020 à 10:26
Du punch et de la mesure ! Bravo
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Isabelle Alonso - Le 12/06/2020 à 10:57
Merci!
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