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Une mercenaire au Média?

À l'attention des lectrices et lecteurs (24/10/18): Des réactions d'internautes me laissent penser qu'il peut y avoir confusion à la lecture du présent article entre la question du financement de la campagne électorale 2017 de la France Insoumise et celle de la chaîne LeMédiaTv. Je précise donc que le texte qui suit concerne exclusivement LeMédiaTv.) Bonne lecture.

Au printemps 2018, je suis dans le bureau de Sophia Chikirou avec une collaboratrice du Média et nous devisons amicalement au sujet de mon éventuelle participation à la chaine, dont je suis sympathisante depuis le début. Le projet, le financement par les socios, l'indépendance, me plaisent. La proximité avec la France Insoumise, que d'aucuns nient, ne me pose pas de problème. C'est une proximité purement idéologique, sans lien de dépendance. Ça ne me dérange pas. J'ai voté Mélenchon au 1er tour des présidentielles, et j'aurais volontiers revoté pour lui si les leaders de la gauche avaient été capables de s'unir...

Nous échangeons, donc. Chroniquer, sous quelle forme, à quel rythme, etc.... Il n'y a pas urgence, c'est un projet pour la rentrée. Sophie Chikirou me précise une chose: ma collaboration devra être bénévole. Je tique sur la manière un rien désinvolte dont elle m'annonce le truc. Je ne prétends pas être payée royalement, surement pas, surtout avec l'argent collecté auprès des socios, mais quand je bosse gratos, c'est moi qui décide, pas quelqu'un qui me le demande. J'ai très souvent eu des activités bénévoles, comme toute personne ayant fréquenté le milieu le plus fauché du monde, j'ai nommé les assoces féministes. Pas un kopek, ça calme le jeu, on ne peut compter que sur son enthousiasme et sa motivation.

De toutes façon, ma chronique au Média, c'est pour l'automne, la rentrée... J'ai le temps de voir, de réfléchir à la question.

Puis, pendant l'été, j'interloque: la presse raconte que Sophie Chikirou aurait facturé à prix d'or des services rendus par elle, ou plutôt par sa société Mediascop, dont elle est la seule actionnaire, et qu'elle se serait auto-signé des chèques dont elle a elle même fixé le montant. J'en avale de travers mon fromage blanc bio de brebis avec des framboises dedans.

Elle encaisserait de la thune sans mégoter, et demanderait aux autres de bosser gratos? Pas gênée aux entournures. Ça me parait extravagant. Tellement aux antipodes de ce à quoi je pouvais m'attendre.

Puis j'apprends qu'elle démissionne du Média pour s'occuper de la campagne de Mélenchon aux européennes.

J'attends d'en savoir plus. Si bien qu'en septembre, quand le Média m'invite à participer à la soirée de lancement de la saison deux, je ne suis plus sûre de rien, et je préfère m'abstenir.

En octobre il se confirme qu'elle s'est bien payée grassement. Il se trouve que je connais des socios au budget particulièrement serré. A l'euro près. Et qui ont fait un effort, parce que cette télé, ça leur a paru important. Très important. Sophia Chikirou, elle prend aux pauvres pour se donner à elle même. Robine des Bois disruptive.

Je me dis que Mélenchon ne peut pas être au courant. Sans quoi il l'aurait virée manu militari de sa campagne. Il ne peut pas cautionner quelqu'un qui pille en loucedé un trésor de guerre né d'une collecte publique auprès de gens dont on rappelle qu'ils ont été déçus par la défaite de 2017. Mélenchon peut reconnaître le talent d'organisation de Sophie Chikirou, mais peut-il lui faire confiance sur la gestion de fonds publics dont on ne voit pas pourquoi elle les respecterait davantage que les fonds collectés pour le Média?

Il peut.

Il la soutient.

J'en reste sans voix. Ça va être rock'n'roll de trouver pour qui voter aux Européennes.

Revenons au Média. Pour qu'il ait la moindre chance de survie, il va lui falloir se transformer en maison de verre: transparence à tous les étages: Qui est payé? Combien? Pour faire quoi? Qui décide? Comment? On attend la suite....